01 Avr Rencontre avec Gérard Bekerman, directeur du Magistère Banque Finance de Paris 2
Le canard d’Assas est parti à la rencontre de Gérard Bekerman, directeur du Magistère Banque Finance de Paris 2, filière d’excellence de l’enseignement économique à Assas. Focus sur cette filière ô combien intéressante.
Quels sont les avantages du Magistère Banque Finance par rapport à un cursus traditionnel ?
J’en vois plusieurs, le premier c’est que le Magistère apporte une formation à taille humaine, ce ne sont pas des cours en amphi avec 1000 étudiants, mais des petites équipes. Il y a un esprit de convivialité, d’intégration facile pour les étudiants qui se connaissent tous. Cela permet d’ailleurs des contacts plus faciles avec le corps enseignant. Le second avantage, c’est que le magistère est une école de savoir faire et de faire savoir. C’est-à-dire que nous conjuguons le théorique avec un enseignement académique de haut niveau assuré par le personnel en poste de Paris II et des professionnels, qui viennent compléter cette formation avec un aspect plus pratique, dont certains sont d’anciens diplômés de la formation, et qui connaissent donc les besoins des étudiants.
Comment avez-vous su réagir au magistère par rapport à la crise financière ?
Nous avons su adapter les enseignements en fonction de la crise. Deux exemples, nous avons voulu introduire un cours sur les risques, et leur gestion. Ce cours est nouveau, parce que c’est très bien de former les étudiants au trading, mais c’est encore mieux de faire une formation solide en matière de maîtrise des outils et des instruments qui permettent de mieux gérer les risques. Cette crise est la plus grave depuis les années 20, quand nous interrogerons les étudiants en 2029 ils nous diront que les grandes crises ont été celles de 1929 et celle de 2007. Cela montre aussi la flexibilité de l’université et plus particulièrement celle du Magistère.
Quel est le type d’étudiant que vous recherchez au magistère ?
Nous aimerions en avoir plus de Paris II ! Il faut s’ouvrir, à tous les étudiants qui sont intéressés par les métiers de la finance, de l’audit, du conseil, aux innovations financières, au warrant. Il n’y a pas que les notes, on est intéressé par le profil des étudiants, leurs perspectives, leurs motivations. La motivation n’est pas que dans l’intelligence du trading, il y a des aspects humains, culturels, et on en tient compte quand on veut intégrer des étudiants.
Selon vous, comment vont évoluer les métiers du monde de la finance ?
L’avantage du Magistère et de l’université c’est que nous enseignons Les techniques de trading pour gagner beaucoup d’argent mais nous enseignons aussi les techniques de maîtrise des risques liés à ces opérations pour éviter d’en perdre trop. Les banques se retournent vers leur passé, vers l’exploitation de réseaux privés, la prise en compte des risques pour éviter de faire n’importe quoi avec les produits dérivés. Je suis confiant, la crise a rendu les opérateurs plus sages, c’est la vertu de cette crise. Les métiers vont être plus traditionnels et on va assister à un foisonnement des opérations financières qui reposeront sur l’intelligence du temps. Les opérateurs ne seront bons que s’ils ont l’intelligence sur Le temps, c’est-à-dire qu’on va dépasser les contraintes de la durée et on va jouer sur les options, les effets de leviers, des anticipations, des paris. On va susciter d’autres vocations, l’intelligence est infinie, surtout avec l’espace. A Hong Kong, à Paris ou dans la City, il n’y a plus de contraintes d’espaces. L’espace se confond dans le temps. Et le temps est une intelligence qui est cause de richesse. On ne pourra plus faire n’importe quoi. Il faudra toujours raison garder, s’aventurer oui ! Mais en étant retenu par un modèle de gestion des risques, c’est fondamental.
Cette année Paris Il est devenu autonome, que pensez vous de cette politique actuelle ?
Valérie Pécresse, notre ministre de l’enseignement supérieur (notre photo), a été très courageuse dans cette démarche qui me semble nécessaire, et dans la quelle le statut du Magistère a été renforcé.
Interview réalisée en avril 2010 par Etienne Pecnord et Eric Baudu pour Le Canard d’Assas